C’était un moment historique ce mardi 21 janvier 2025 à l’Élysée où la Commission Mémoire franco-camerounaise a remis son rapport tant attendu sur la période trouble de 1945-1971. Une étape cruciale dans la reconstruction des relations entre les deux pays.
La grande horloge du Palais de l’Élysée marque 10h15 ce mardi 21 janvier 2025 lorsque Samuel Mvondo Ayolo, Ministre , Directeur du Cabinet Civil de la présidence de la République du Cameroun, et représentant personnel du Président Paul Biya, franchit les grilles du palais présidentiel français. L’instant est solennel : deux ans après sa création, la Commission Mémoire s’apprête à livrer ses conclusions sur l’une des pages les plus sombres des relations franco-camerounaises.
Telle une vérité historique en marche.
Face à Emmanuel Macron, le représentant du président camerounais reçoit ce rapport qui, pour la première fois, fait la lumière sur “le rôle et l’engagement de la France dans la répression au Cameroun de 1945 à 1971”. Un document de haute importance qui sera également présenté à Yaoundé le 28 janvier prochain, marquant ainsi une volonté de parallélisme dans le traitement de cette mémoire partagée.
“Ce rapport n’est pas qu’un simple document historique“, confie un membre de la commission. “C’est le fruit d’un travail minutieux de fourmis, conjuguant archives, témoignages et analyses scientifiques pour reconstituer cette période douloureuse de notre histoire commune.”
Née dans le sillage du Sommet de Montpellier d’octobre 2021, sous la pression des sociétés civiles des deux pays, la Commission présente une particularité remarquable : sa composition strictement paritaire. Coprésidée par l’historienne Karine Ramondi et l’artiste Blick Bassy, elle rassemble quatorze personnalités, sept de chaque pays, issues de disciplines diverses.
Un travail d’excavation mémorielle:
Le rapport, fruit de deux années d’investigations, propose une plongée dans les archives françaises et camerounaises, recoupant documents officiels, témoignages de survivants et analyses d’experts. Une démarche inédite qui vise à “exhumer les faits” et “clarifier des situations souvent complexes et chargées de douleur”, selon les termes de référence de la Commission.
La délégation camerounaise, emmenée par Samuel Mvondo Ayolo, comprenait également S.E André-Magnus Ekoumou, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Cameroun en France, Simon Pierre Bikele, Chef du Protocole d’État, et le Capitaine de Vaisseau Claude Francis Enguene, Attaché de défense auprès de l’ambassade du Cameroun à Paris.
Cette cérémonie marque une étape cruciale dans le processus de réconciliation mémorielle entre les deux Nations. La prochaine étape, prévue à Yaoundé le 28 janvier, devrait permettre d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations franco-camerounaises, basé sur une reconnaissance mutuelle des événements passés.
La Commission en chiffres
- 2 ans de travail
- 14 membres (7 Français, 7 Camerounais)
- 26 ans d’histoire analysée (1945-1971)
- 2 cérémonies officielles de remise (Paris et Yaoundé).
L’Afrique Émergente magazine