En pleine reconfiguration géopolitique avec la formation de l’AES et son départ de la CEDEAO, le Niger franchit une étape majeure dans sa diversification minière.

L’exploitation d’un nouveau gisement de cuivre dans la région d’Agadez promet des retombées économiques significatives et s’inscrit dans la stratégie d’indépendance du pays.Le Niger marque un tournant décisif dans son développement économique en intégrant officiellement le cercle des pays producteurs de cuivre. Cette avancée stratégique intervient dans un contexte particulier où le pays sahélien affirme sa nouvelle orientation géopolitique, ayant récemment quitté la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés du Mali et du Burkina Faso.Le gouvernement nigérien vient d’attribuer un permis d’exploitation à la Compagnie Minière de l’Aïr (COMINAIR SA), permettant la mise en valeur d’un gisement particulièrement prometteur dans la région d’Agadez. Les études géologiques préliminaires ont confirmé le potentiel exceptionnel de ce site, dont les premières estimations prévoient une production moyenne de 2.700 tonnes de cuivre par an. L’exploitation est initialement planifiée sur une période de 10 ans, avec des possibilités d’extension en fonction des résultats d’exploration complémentaires.Cette nouvelle industrie représente une opportunité majeure pour l’emploi local, avec la création annoncée de 300 postes directs prioritairement destinés aux jeunes Nigériens. Au-delà de ces emplois directs, c’est tout un écosystème économique qui devrait se développer autour du site minier, générant des centaines d’emplois indirects dans les secteurs des services, de la logistique et du commerce.Sur le plan financier, les retombées s’annoncent substantielles pour les caisses de l’État. L’exploitation du cuivre devrait générer plus de 4 milliards de francs CFA de redevance minière sur la période initiale d’exploitation. S’y ajoute une redevance superficiaire estimée à 575 millions de francs CFA, renforçant considérablement les revenus nationaux issus du secteur extractif.La COMINAIR SA s’est engagée, dans le cadre de l’accord signé avec le gouvernement, à privilégier les entreprises nigériennes pour l’approvisionnement en biens et services nécessaires à l’exploitation. Cette clause de contenu local garantit que les retombées économiques bénéficieront directement à la population et aux entrepreneurs du pays, favorisant l’émergence d’une classe d’affaires nationale dans le secteur minier.”Cette nouvelle exploitation de cuivre s’inscrit parfaitement dans notre stratégie de diversification économique et de valorisation optimale de nos ressources naturelles,” a déclaré le ministre nigérien des Mines lors de la cérémonie de signature. “Le Niger entend désormais tirer le maximum de bénéfices de ses richesses, au profit direct de sa population.”Le pays sahélien, déjà reconnu pour ses importantes ressources en uranium qui en font le septième producteur mondial, ainsi que pour ses exploitations d’or et de pétrole, renforce ainsi son portefeuille minier. Cette diversification arrive à point nommé, alors que le Niger cherche à consolider son indépendance économique dans le cadre de sa nouvelle alliance régionale.L’entrée du Niger dans le marché du cuivre intervient par ailleurs dans un contexte mondial favorable, marqué par une demande croissante pour ce métal essentiel à la transition énergétique. Utilisé massivement dans les véhicules électriques, les infrastructures d’énergie renouvelable et les technologies numériques, le cuivre voit sa valeur stratégique augmenter considérablement sur les marchés internationaux.Cette nouvelle exploitation minière témoigne de la volonté du Niger de transformer son modèle économique malgré les défis sécuritaires et les tensions diplomatiques régionales. En développant son secteur minier tout en quittant la CEDEAO pour rejoindre l’AES, le pays affirme sa détermination à tracer sa propre voie de développement, basée sur la valorisation de ses ressources naturelles et le renforcement de sa souveraineté économique.