Une petite révolution vestimentaire aux grandes implications économiques et culturelles secoue les tribunaux du Burkina Faso. Les magistrats et greffiers troquent leurs toges importées contre des costumes d’audience en Faso Dan Fani, le tissu traditionnel national. Un changement qui fait économiser des millions de francs CFA au pays.
C’est une première historique dans les cours et tribunaux du Burkina Faso. C’est sous le regard satisfait du Premier ministre Dr Apollinaire Kyelem de Tambela, que les acteurs de la justice burkinabè ont revêtu avec fierté leurs nouvelles toges en Faso Dan Fani, marquant ainsi un tournant décisif dans la promotion du “consommer local”.
L’initiative, qui s’inscrit dans le sillage du décret du 28 avril 2023 sur la promotion des tissus traditionnels, va bien au-delà d’un simple changement vestimentaire. Ces nouvelles toges, tout en conservant leur solennité traditionnelle avec leur couleur noire et leurs broderies or, arborent désormais fièrement le drapeau national et les symboles de la justice burkinabè. Une transformation qui fait écho aux paroles d’Abasse Nombré, président du TGI Ouaga 1 : “Ce nouveau costume développe un sentiment d’appartenance à la patrie.”
Mais c’est sur le plan économique que la révolution est la plus frappante. Alors qu’une toge importée coûtait entre 900 000 et 3 millions de FCFA, son équivalent en Faso Dan Fani ne revient qu’à 150 000 FCFA. Une économie substantielle qui permet, selon Me Edasso Rodrigue Bayala, de “créer de la richesse nationale” en faisant travailler tisseuses, couturiers et artisans locaux.
Pour répondre aux inquiétudes concernant la durabilité du Faso Dan Fani, la styliste Alida Bazié et son équipe ont mis au point un processus de fabrication alliant teintures de qualité supérieure et tissage perfectionné. Une garantie de longévité pour ces toges qui incarnent désormais l’identité d’une justice burkinabè plus proche de ses racines.
Cette transformation vestimentaire s’inscrit dans la droite ligne de la vision de Thomas Sankara, comme le rappelle Me Bayala : “Produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons.” Une philosophie qui prend aujourd’hui tout son sens dans les tribunaux du Burkina Faso.
l’Afrique Émergente