LE CAMEROUN, SENTINELLE DE LA PAIX DANS UN MONDE DE CYNIQUES INTÉRÊTS
Dans une déclaration marquante publiée le 22 mars 2025, le Commandant de Vaisseau Cyrille Atonfack Guemo, chef de la division communication du ministère de la Défense du Cameroun, dresse un portrait sans concession des relations internationales contemporaines. Face aux multiples tensions géopolitiques, il affirme la détermination du Cameroun à suivre une voie indépendante et à jouer un rôle stabilisateur en Afrique centrale, malgré les pressions extérieures. Une position qui souligne l’ambition camerounaise d’incarner un leadership régional fondé sur la paix plutôt que sur la confrontation.
Le Commandant de Vaisseau Cyrille Atonfack Guemo, figure emblématique de la communication militaire camerounaise, dévoile dans son éditorial du 22 mars 2025 une analyse géopolitique aussi lucide que provocatrice. Dans ce texte aux accents philosophiques, le haut gradé dissèque les contradictions d’un ordre mondial qu’il juge hypocrite et dépeint comme tiraillé entre “ses solennels engagements et ses hypocrites reniements”, “ses pompeux discours altruistes et ses cruels égoïsmes”.
L’officier supérieur pose un diagnostic sans appel sur les relations internationales contemporaines, estimant que nous sommes “à la croisée des chemins”. Il identifie trois voies possibles pour les nations : un retour au passé colonial présenté comme une “mission civilisatrice” qui masquait mal ses “prédatrices appétences”, l’immobilisme d’une nouvelle “guerre froide”, ou l’audacieuse option de “l’auto-détermination”. C’est clairement cette dernière que le Commandant Atonfack défend, tout en reconnaissant qu’elle pourrait paraître “utopique” aux yeux de certains.

Cette prise de position s’inscrit dans un mouvement plus large d’affirmation souveraine qu’il observe à l’échelle mondiale. Le DIVCOM-MINDEF évoque ces “États à forte personnalité qui désormais refusent de marcher au pas”, malgré les obstacles dressés sur leur chemin : “Crocs-en jambe, peaux de banane, criminalisation, sanctions, séditions”, énumère-t-il avec une certaine verve. Un langage qui fait écho aux récentes tensions entre divers pays africains et leurs partenaires occidentaux traditionnels.
Le texte prend une tournure plus spécifiquement camerounaise lorsque l’officier met en avant l’expertise nationale en matière de lutte antiterroriste. Il présente le Cameroun comme un modèle de stabilité, capable de jouer le rôle de “rampe de lancement du futur essor de la sous-région Afrique Centrale”. Cette ambition régionale s’appuie sur une armée qui, bien que “au volume certes réduit”, démontre selon lui une impressionnante capacité à “faire front sur plusieurs fronts, tous différents les uns des autres”.
Particulièrement intéressante est la vision du leadership qu’expose le Commandant Atonfack. Il définit l’approche camerounaise comme fondée sur “la capacité à susciter la confiance, à créer des alliances et de la collaboration, et non pas du tout à susciter la crainte”. Cette conception s’oppose implicitement à d’autres modèles régionaux plus agressifs, lorsqu’il souligne que “jamais le Cameroun n’a servi de base arrière, ni n’a soutenu quelque mouvement insurrectionnel actif à ses frontières”.
Au versant de sa sortie, l’officier supérieur met en avant la crédibilité internationale des forces armées camerounaises, sollicitées pour des missions de maintien de la paix par l’ONU et “de nombreux pays demandeurs”. Cette reconnaissance internationale vient conforter son argumentaire en faveur d’un leadership camerounais responsable et pacifique en Afrique centrale. Son appel final à la vigilance (“Sachons rester vigilants”) sonne comme un avertissement face aux défis qui persistent, tout en réaffirmant la détermination du pays à poursuivre sa voie souveraine.
Cette tribune, par son ton ferme et direct, illustre une diplomatie militaire camerounaise qui n’hésite plus à s’exprimer publiquement sur les grandes questions géopolitiques, affirmant ainsi la voix unique du pays sur la scène internationale.
Joël NDZENGUE