Maroua était en ébullition hier samedi 10 MAI 2025 sous l’impulsion de la Plateforme des Jeunes de l’Extrême-Nord pour l’Émergence. Aux manettes de cette démonstration de force: Cavaye Yeguié Djibril, le tout-puissant président de l’Assemblée nationale, venu apporter sa caution à une initiative qui fait trembler l’échiquier politique. Au milieu des tam-tams et des youyous, un message clair a retenti comme le tonnerre: mobiliser un million de jeunes derrière Biya pour 2025. Sous la houlette d’un Atikou Kalda métamorphosé en chef d’orchestre politique, la région septentrionale réaffirme son statut de bastion du pouvoir. Entre dons généreux, promesses flamboyantes et intronisations symboliques, le patron du Parlement a marqué de son empreinte un événement qui redessine les contours de la bataille électorale à venir.

Maroua s’est transformée hier en véritable chaudron politique. Dès l’aube, les rues grouillaient de militants venus des six départements, convergeant vers l’épicentre d’un séisme politique annoncé. La température est montée d’un cran quand la limousine de Cavaye Yeguié Djibril a fendu la foule, déclenchant une déferlante de “Biya ou rien!” qui a électrisé l’atmosphère. Dans son sillage, tout ce que la région compte de caïds administratifs, de grands lamidos en boubous scintillants, de dignitaires religieux et de gradés militaires – un aréopage impressionnant qui confirme que l’affaire dépasse largement les simples calculs politiciens.

“Ce que vous voyez aujourd’hui, c’est la révolte d’une jeunesse qui refuse qu’on décide de son destin sans elle!” Ces mots tonnants d’Atikou Kalda ont fait exploser la foule en délire. Le jeune loup, visiblement ému par l’ampleur de sa création, s’est incliné devant la présence du président de l’Assemblée: “Votre venue ici, Très Honorable, c’est comme si le Renouveau lui-même nous bénissait,” a-t-il lancé dans un français ciselé qui contrastait avec la fièvre ambiante.

Le Directeur de Cabinet du président du Parlement n’y est pas allé par quatre chemins: “Biya est l’unique planche de salut pour l’Extrême-Nord en 2025.” Cette bombe politique a déclenché une tempête d’applaudissements et propulsé la manifestation dans une autre dimension. Fini le temps où le septentrion se contentait de jouer les figurants dociles! La région revendique désormais sa place au cœur du dispositif présidentiel, et la Plateforme d’Atikou Kalda devient son bras armé dans cette conquête des sommets.
Lorsque Cavaye Yeguié Djibril s’est emparé du micro, le silence est tombé comme un couperet. “L’heure n’est plus aux bavardages stériles,” a-t-il asséné d’une voix qui ne souffrait aucune contradiction. “Chaque minute compte pour forger un soutien massif au Président Paul Biya.” Fixant la marée humaine de son regard perçant, il a rappelé à la jeunesse son devoir historique: “L’Extrême-Nord est la fille aînée du Renouveau – cette filiation vous impose des responsabilités que vous ne pouvez esquiver.” Un appel à la mobilisation qui résonnait comme un ordre militaire plus que comme une suggestion politique.

Le patron du Parlement n’avait pas fait le déplacement les mains vides. Des sacs d’engrais aux motopompes, en passant par des cartons de produits de première nécessité, sa générosité a fait pleuvoir des cadeaux sur une assistance conquise d’avance. Cette manne, distribuée sous l’œil vigilant des notables, illustrait parfaitement le mariage entre politique et assistance qui caractérise le système Biya depuis des décennies.
Coup de théâtre au milieu de ce festival politique: le Collectif Sportif des Jeunes du Lac Tchad a bombardé Cavaye Yeguié Djibril “Ambassadeur International de la Paix”. Une distinction qui a arraché un rare sourire au vieux routier de la politique camerounaise, visiblement sensible à cette reconnaissance venue d’une zone meurtrie par l’insécurité. Ce geste, au-delà de sa dimension honorifique, rappelait que dans cette région frontalière, la paix reste le préalable à toute ambition politique.

L’événement a aussi été un festival culturel époustouflant. Les corps luisants des danseurs exécutant le “wourbangué”, les voix lancinantes des chanteuses entonnant des mélopées en foulfouldé, les lutteurs traditionnels exhibant leurs muscles huilés: tout le patrimoine du Nord s’était donné rendez-vous pour envelopper le message politique dans les couleurs de la tradition. “Notre soutien à Biya n’est pas une affaire d’opportunisme, mais une question d’identité profonde,” confiait un jeune notable, résumant la philosophie d’un mouvement qui se veut enraciné dans l’histoire longue de la région.

Le fil rouge de cette journée explosive? L’affirmation sans fard que Biya est le “candidat naturel” de l’Extrême-Nord pour 2025. Pas question de tergiversations ou de plans B: la région revendique une fidélité viscérale au Président, qui transcende les questions d’âge ou de bilan. “Notre région a toujours été le roc sur lequel s’est bâtie la forteresse du Renouveau,” proclamait un orateur sous les vivats, traduisant un sentiment ancré dans l’imaginaire politique local. Cette unanimité, savamment orchestrée par Atikou Kalda, constitue un tour de force politique qui propulse le jeune leader comme l’interlocuteur incontournable de Yaoundé dans la région.

La haute technologie s’est aussi invitée à la fête avec le dévoilement du partenariat avec PIASSOF DEK. Le système de sécurité digitalisé pour motos, présenté en grande pompe par Atikou Kalda, symbolisait parfaitement l’alliance entre fidélité politique et modernité économique que promeut la Plateforme. “Nous prouvons que soutenir Biya, c’est aussi entrer dans le XXIe siècle,” expliquait-il pendant que le président de l’Assemblée remettait symboliquement les premiers dispositifs aux représentants des mototaxis.

Alors que le soleil plongeait derrière les monts Mandara, le slogan “un million de jeunes pour Biya en 2025” résonnait encore sur l’esplanade. Ce qui aurait pu n’être qu’une manifestation de plus dans le théâtre politique camerounais s’est transformé en une démonstration de force qui rebat les cartes. En fusionnant allégeance traditionnelle et dynamisme juvénile, ambitions personnelles et projet collectif, Atikou Kalda et ses troupes ont peut-être inventé une nouvelle façon de faire de la politique au Cameroun. Une chose est sûre: la route de 2025 passera désormais par Maroua, et la fille aînée du Renouveau entend bien faire payer cher son soutien au patriarche de Yaoundé.
l’Afrique Émergente