Dans un contexte préélectoral sensible, les forces de l’ordre ivoiriennes renforcent leurs capacités de surveillance avec l’acquisition de deux IMSI-catchers auprès du fournisseur israélien Cognyte. Ce choix stratégique, validé par le Conseil national de sécurité, s’inscrit dans une modernisation des équipements de renseignement supervisée par la présidence d’Alassane Ouattara.
La gendarmerie nationale ivoirienne vient de franchir une étape significative dans le renforcement de son dispositif sécuritaire. L’acquisition récente de deux systèmes d’interception de communications mobiles, communément appelés IMSI-catchers, représente un tournant dans la stratégie de surveillance du territoire. Ces équipements sophistiqués, fournis par la société israélienne Cognyte (anciennement connue sous le nom de Verint Systems), permettent d’intercepter et d’analyser les communications téléphoniques dans un périmètre déterminé, offrant ainsi aux forces de sécurité des capacités de renseignement considérablement accrues.
Cette décision intervient dans un contexte politique particulièrement sensible, alors que la Côte d’Ivoire se prépare aux élections de 2025, scrutin qui cristallise déjà les tensions entre pouvoir et opposition. Le timing de cette acquisition n’est pas anodin : elle coïncide avec la reconduction du général Apalo Alexandre Touré à la tête de la gendarmerie nationale, un choix qui confirme la volonté présidentielle de maintenir une continuité dans le commandement des forces de sécurité en cette période charnière.
Le processus d’acquisition a fait l’objet d’arbitrages au plus haut niveau de l’État. Selon nos informations, le Conseil national de sécurité, sous l’égide directe de la présidence, a tranché en faveur de la solution israélienne, écartant une proposition concurrente d’origine française. Ce choix stratégique pourrait signaler une diversification des partenariats sécuritaires de la Côte d’Ivoire, traditionnellement proche de Paris dans ce domaine.
Les autorités ivoiriennes n’ont pas communiqué officiellement sur le montant de la transaction, mais des sources proches du dossier évoquent un investissement conséquent, justifié par la sophistication des équipements et la formation technique qui accompagne leur déploiement. Les IMSI-catchers acquis seraient dotés des dernières avancées technologiques permettant non seulement l’interception des communications mais également leur analyse en temps réel.
Cette modernisation des équipements de renseignement soulève néanmoins des questions quant à l’encadrement juridique de leur utilisation. Si les autorités affirment que ces outils serviront exclusivement à la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, des organisations de défense des droits humains s’inquiètent de possibles dérives dans un contexte électoral. La frontière entre sécurité nationale et surveillance politique reste ténue, particulièrement dans une période où les enjeux de pouvoir sont exacerbés.
Le choix de Cognyte comme fournisseur n’est pas anodin. L’entreprise israélienne s’est imposée comme un acteur majeur des technologies de surveillance en Afrique, avec une présence déjà établie dans plusieurs pays du continent. Cette percée sur le marché ivoirien pourrait ouvrir la voie à d’autres contrats dans la région, alors que de nombreux États ouest-africains modernisent leurs capacités de renseignement face aux menaces sécuritaires croissantes.
En consolidant ses moyens techniques à l’approche des échéances électorales, la gendarmerie ivoirienne se dote d’outils qui pourraient s’avérer déterminants pour le maintien de la stabilité du pays, tout en soulevant des interrogations sur l’équilibre entre impératifs sécuritaires et protection des libertés individuelles.