Le 3 mai 2025, le Gabon a écrit une nouvelle page de son histoire politique avec l’investiture solennelle du Président Brice Clotaire Oligui Nguema. Organisée au stade d’Angondjé devant une foule impressionnante et un parterre de dirigeants africains, cette cérémonie marque officiellement la fin de la transition militaire et le retour du pays à un ordre constitutionnel rénové.

Dans une ambiance festive et sous un soleil éclatant, le stade de l’Amitié sino-gabonaise d’Angondjé a vibré ce samedi 3 mai 2025 pour l’investiture officielle de Brice Oligui Nguema. Élu avec le score sans appel de 94,85% des suffrages lors du scrutin du 12 avril dernier, l’ancien chef de la junte militaire entame désormais un mandat présidentiel de sept ans dans les formes constitutionnelles. La cérémonie, qui rompt avec la tradition des investitures à huis clos au Palais présidentiel, symbolise la volonté de transparence et d’ouverture du nouveau régime.

Dès l’aube, les 40 000 places du stade se sont remplies d’une foule enthousiaste, venue assister à ce moment historique. Les autorités avaient distribué gratuitement les billets d’entrée les 1er et 2 mai dans plusieurs CECADO de Libreville, permettant une large participation populaire. “Cette affluence témoigne de l’adhésion des Gabonais à la nouvelle vision politique que nous proposons”, a confié un proche du président.

La cérémonie a débuté à 07h00 précises (06h00 GMT) dans un décor soigneusement orchestré: tribunes pavoisées aux couleurs nationales, tapis rouge déployé, et garde d’honneur en grande tenue. La prestation de serment s’est déroulée en présence du président de la Cour constitutionnelle, qui a officiellement confirmé les résultats électoraux le 25 avril dernier après examen des recours. “Je jure de consacrer toutes mes forces au bien du peuple gabonais, en vue d’assurer son bien-être et de le préserver de tout dommage”, a déclaré solennellement le nouveau chef de l’État, main droite levée.

L’événement a pris une dimension internationale majeure avec la présence exceptionnelle de seize chefs d’État africains, démontrant le poids diplomatique retrouvé du Gabon. Parmi les personnalités présentes figuraient le Président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, le Centrafricain Faustin-Archange Touadéra, ainsi que le Rwandais Paul Kagame, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye et le Gambien Adama Barrow. Des délégations marocaines et algériennes étaient également présentes, soulignant l’intérêt des puissances régionales pour cette transition politique achevée.
La présence remarquée de Massad Boulos, émissaire personnel du président américain, marque quant à elle un tournant dans les relations entre Washington et Libreville. “Les États-Unis suivent avec attention l’évolution politique du Gabon et souhaitent renforcer leur coopération”, a déclaré l’émissaire à la presse présente. Cette attention américaine s’explique notamment par la position stratégique du Gabon en Afrique centrale et ses ressources naturelles considérables.

Dans son discours d’investiture, Brice Oligui Nguema a réaffirmé ses engagements de campagne: diversification économique pour réduire la dépendance aux hydrocarbures, lutte contre la corruption, amélioration des infrastructures sociales et de transport, et renforcement de la sécurité nationale. “Le Gabon ne peut plus se contenter d’être un simple producteur de matières premières”, a-t-il martelé, promettant des investissements massifs dans la transformation locale et les secteurs à forte valeur ajoutée.
Le nouveau président a également détaillé son calendrier politique, avec l’organisation d’élections législatives, municipales et sénatoriales prévues avant la fin de l’année 2025. “Notre démocratie doit reposer sur des institutions fortes et représentatives”, a-t-il souligné, appelant à “une nouvelle ère de gouvernance transparente et efficace”.

Cette investiture marque officiellement la fin de la transition politique initiée après le coup d’État du 30 août 2023, qui avait renversé la dynastie Bongo, au pouvoir depuis 56 ans. Le général Oligui Nguema, alors commandant de la Garde républicaine, avait pris la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) avant d’organiser le retour à l’ordre constitutionnel par le biais d’élections.
Pour de nombreux observateurs, les défis restent immenses. “Le niveau d’attente de la population est extrêmement élevé”, note un analyste politique local. “Le président devra rapidement montrer des résultats tangibles en matière de développement économique et de gouvernance pour maintenir sa popularité.” Le pays, riche en ressources naturelles mais confronté à d’importantes inégalités sociales, attend désormais que les promesses se transforment en actions concrètes.
À l’issue de la cérémonie, un défilé militaire et civil a parcouru les principales artères de Libreville, tandis que des festivités populaires étaient organisées dans plusieurs quartiers de la capitale et dans les principales villes du pays. Cette journée du 3 mai 2025 restera incontestablement comme un moment charnière dans l’histoire contemporaine du Gabon, marquant symboliquement l’entrée du pays dans une nouvelle ère politique.