Dans un contexte africain marqué par la résurgence des coups d’État, le Gabon se démarque par une transition militaire qui dessine les contours d’un retour effectif à l’ordre constitutionnel. Le Président de la transition pose des actes forts qui rassurent la communauté nationale et internationale.
Au moment où plusieurs pays du continent africain s’enlisent dans des transitions militaires interminables, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, arrivé au pouvoir suite au renversement de la dynastie Bongo, vient de marquer les esprits par des annonces fortes. Le président de la transition gabonaise s’est formellement engagé à ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2025, traçant ainsi une voie claire pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Cette décision s’inscrit dans un processus de refondation institutionnelle profonde, dont le point d’orgue a été l’adoption massive de la nouvelle Constitution lors du référendum du 16 novembre 2024, plébiscitée à 91,64% par les Gabonais. Ce texte fondamental, qui n’entrera en vigueur qu’après l’élection présidentielle de 2025, introduit des innovations majeures dans l’architecture institutionnelle du pays. Il limite notamment les mandats présidentiels à deux et, fait inédit, confère aux forces armées un rôle de gardien de la Constitution, avec le pouvoir d’intervenir en cas de tentative de modification de ces dispositions essentielles.
L’engagement du Général Oligui Nguema à ne pas se porter candidat et à organiser des élections crédibles constitue un signal fort dans une Afrique centrale où les transitions politiques sont souvent synonymes de maintien au pouvoir des autorités de transition. Cette promesse de retour à un pouvoir civil, couplée à l’adoption d’une Constitution progressiste, dessine les contours d’un nouveau Gabon où les garde-fous contre les dérives autoritaires seront constitutionnellement établis.
Le rôle attribué à l’armée dans la protection de l’ordre constitutionnel représente une innovation significative. Cette disposition, loin d’être une militarisation du pouvoir, apparaît comme une garantie supplémentaire contre les modifications constitutionnelles opportunistes qui ont marqué l’histoire politique de nombreux pays africains. En confiant explicitement cette mission aux forces armées, la nouvelle Constitution gabonaise institue un mécanisme original de protection de la démocratie.
Les observateurs nationaux et internationaux saluent cette évolution qui marque une rupture nette avec les pratiques du passé. La transition gabonaise, si elle tient ses promesses, pourrait ainsi devenir un modèle pour d’autres pays du continent confrontés à des défis similaires. L’enjeu est désormais l’organisation effective d’élections transparentes et la mise en place d’institutions fortes capables de garantir la pérennité de ces avancées démocratiques.
Dans un continent où les transitions militaires sont souvent source d’inquiétudes, le Gabon semble ainsi tracer une voie originale, alliant fermeté dans les principes et pragmatisme dans la méthode. La réussite de cette expérience pourrait bien inspirer d’autres nations africaines en quête de renouveau démocratique.
l’Afrique Émergente